Où trouver du broyat de bois

Le broyat de bois est une matière carbonée très intéressante à utiliser en paillage, ou comme apport de matière sèche dans un compost.

Encore faut il en avoir en quantité suffisante. Même avec un broyeur et de nombreuses tailles de haies, nous n’en avions jamais assez avant de découvrir une source d’approvisionnement idéale : un paysagiste / élagueur.

Le broyat de bois est le résidu de la taille des haies, arbustes et arbres pratiquée par les paysagistes entre août et mars. Une fois qu’ils ont terminé un chantier, ils ont deux solutions :

  • Soit ils le portent en déchetterie. Cette dernière va le valoriser, mais va également facturer le dépôt.
  • Soit ils ont un endroit pour le stocker et prévoient de l’utiliser par la suite.

L’élagueur avec lequel nous travaillons est dans ce second cas. Au fil des ans, il a stocké une quantité importante de broyat de végétaux : de quoi remplir deux semi-remorques ! Il ne peut pas utiliser l’intégralité en paillage dans les espaces verts dont il s’occupe et est donc disposé à s’en débarrasser. Vous pouvez donc vous renseigner auprès des paysagistes de votre région pour vérifier comment ils travaillent et voir s’ils peuvent vous livrer du broyat frais (au lieu de l’emmener en déchetterie) ou composté (s’ils le conservent). L’utilisation sera différente dans les deux cas.

Livraison de broyat de bois en cours d’utilisation

Notre élagueur nous facture quelques dizaines d’Euros les chargements de 5m3 de broyat : de quoi couvrir les frais d’utilisation d’une chargeuse et la livraison avec son camion. Une fois dans notre terrain, il ne nous reste plus qu’à définir comment l’utiliser.

Le broyat composté : avantages et inconvénients

Le matériau que nous utilisons est du broyat de branches composté qui date de plus d’un an. Il résulte de l’utilisation d’un broyeur à marteaux professionnel et les fragments sont donc des copeaux en forme d’écharde et non des rondelles, comme c’est le cas avec notre broyeur électrique.

Il a des avantages et des inconvénients

Avantages

  • Disponible en quantités importantes
  • Très peu de déchets non compostables, contrairement à du broyat de déchets verts de particuliers
  • Une partie est déjà bien décomposée et ressemble à de l’humus

Inconvénients

  • Encore très ligneux : risque de faim d’azote si on l’utilise pur
  • Fragments de différents calibres : certains peuvent être assez gros
  • Parfois sec, surtout s’il est livré en été
Gros plan sur le broyat

Tamisage du broyat

Le principal problème que nous avons rencontré est la présence de gros morceaux dans le broyat livré. Ces derniers sont déjà assez secs et mettent plusieurs années à se décomposer complètement… si tant est que cela soit possible. Nous avons donc testé différentes solutions pour le tamiser.

Grille en fer

Placée sur une brouette, le broyat y est jeté pour filtrage. Cette solution est assez chronophage et peu pratique, la grille étant plutôt lourde.

Cagette en plastique

Le broyat est placé dans une cagette en plastique qui est secouée au-dessus d’une brouette. Cette solution replace avantageusement un tamis dont les mailles trop fines auraient éliminé trop de matière. Elle est assez physique, parfaite pour faire du gainage, mais peu utilisable sur de grandes quantités

Tamis rotatif / trommel

Au vu des quantités de broyat à traiter, nous avons finalement opté pour l’achat d’un tamis rotatif Scheppach. C’est un matériel relativement cher (autant qu’un broyeur électrique), assez lourd et encombrant, mais il permet de traiter rapidement des volumes importants. La seule contrainte est de disposer d’au moins une brouette à 2 roues à placer en dessous, en réception du broyat filtré.

Le diamètre de criblage standard du tamis est 2cm, mais il est possible d’installer une grille de 1cm.

Le tamis rotatif Scheppach

Le broyat au potager

Le broyat que nous utilisons étant assez ligneux, nous ne l’employons pas pur sur les planches de culture du potager.

Nous stockons le broyat en andain près des composteurs pour l’incorporer progressivement en le mélangeant avec des matériaux verts.

3 mètres cubes de broyat en attente d’utilisation.

L’utilisation du broyat nous permet d’obtenir des volumes de compost importants : en fin d’hiver les 3 bacs d’1m3 sont pleins.

Les conditions pour une bonne décomposition :

  • Le broyat doit être assez fin : les gros morceaux mettront longtemps à se décomposer
  • Il faut suffisamment de matières azotées : tonte de gazon, déchets de cuisine ou restes de culture broyés
  • Le broyat doit être suffisamment humide. C’est un point à surveiller en été. Ajouter quelques arrosoirs d’eau sur le compost ou le couvrir permettent d’éviter l’évaporation
  • Le matières brunes et vertes doivent être mélangées. J’utilise un croc pour le faire en surface avant tout apport et je retourne le compost trois fois (tous les 2 ou 3 mois) avant de l’utiliser au jardin.
Broyat en cours de compostage

Le jardinier Charles Dowding détaille ses expérimentations avec le broyat et les conditions pour parvenir à bien le décomposer. (sous titrages FR disponibles)

Allées de jardin en broyat de bois

La seconde utilisation du broyat tamis est en paillage dans les allées du potager. Nous nous sommes inspirés de ce que fait la ferme du Bec Hellouin ou d’Olivier Puech dans son potager.

Plusieurs avantages à cette utilisation du broyat :

  • Créer des cheminements propres
  • Eliminer les adventices des allées en y créant une faim d’azote
  • Doper la vie du sol aussi au-dessous des allées (et pas seulement sur les planches)
  • Permettre au broyat se composter en place.
Allées paillées au broyat de bois

Au bout d’un ou deux ans en place, le broyat situé en dessous est composté et peut être simplement ratissé sur les planches.

Broyat de bois pour le paillage des massifs

L’utilisation la plus classique du broyat consiste à le déposer directement sur les massifs de vivaces ou au pied des arbres d’un verger pour gérer les adventices.

Massifs paillés au broyat

Nous utilisons pour cela du broyat pur (non tamisé). Il est donc de plusieurs calibres différents, du très fin au plus grossier, ce qui permet une couverture optimale.

Cette méthode fonctionne bien pour empêcher la repousse des graminées (sauf peut être le chiendent), mais pour certaines autres plantes, elle ne suffira pas, à moins d’en remettre plusieurs fois d’affilée. Les boutons d’or, par exemple, semblent se moquer des épaisseurs de broyat qu’on dépose sur eux : il faut les biner dès qu’ils repoussent en éliminant leur racine. C’est le cas de beaucoup de plantes vivaces aux racines traçantes ou aux racines pivot de grande taille.

En ajoutant régulièrement du broyat sur les planches, il finit par se composter et on obtient un sol plus profond, avec nettement plus de matière organique sur les premiers centimètres. Le niveau des massifs à également tendance à augmenter

Broyat en paillage autour d’un fruitier

Un problème toutefois : les oiseaux et en particulier les merles adorent fouiller dans le broyat et en mettront partout, notamment sur les allées.

Merle au travail

Il faut prévoir des bordures pour éviter de retrouver du broyat sur le gazon ou protéger les plantes « sensibles » comme les fraisiers en y ajoutant des filets ou des grilles.

Grilles de protection anti grattage

La méthode « Back to Eden »

Les jardiniers nord américains semblent utiliser beaucoup de broyat de bois (wood chips). Paul Gautschi à popularisé une méthode de jardinage sans travail du sol dans laquelle il utilise du broyat de bois composté en paillage.

Dans ses vidéos, Paul Gautschi parle quasi exclusivement de broyat de bois, mais montre qu’il les utilise déjà précompostés. Par ailleurs, il ne l’utilise que comme mulch : le broyat est en surface et les plantes sont installées dans un horizon du sol différent. La faim d’azote est évitée par ce moyen.

Le Youtuber James Prigioni donne ses explications sur la méthode « Back to Eden »

Conclusion

Le broyat de bois est un matériau qui peut avoir de multiples utilisations au jardin, une bonne raison de chercher à s’en procurer avant que tous les jardiniers autour de chez vous ne s’en rendent compte !