En appartement ou dans une petite maison, composter ses biodéchets n’est pas forcément évident. Le compostage classique et le lombricompost prennent de la place et du temps. Le compostage bokashi est une alternative adaptée pour ce type d’environnement.

Qu’est ce que le bokashi ?

Le bokashi est une forme de compostage anaérobie des déchets organiques végétaux ou animaux. Il est en ce sens différent du compostage en tas classique qui se fait en principe de façon aérobie, sous peine de pourrir. D’ailleurs, il est probable que les pratiquants asiatiques de ce mode de compostage considéreraient nos tas de compost comme des pourrissoirs… ce qu’ils sont souvent, mais c’est une autre question.

Le compostage anaérobie se fait via une acidification qui peut se comparer au phénomène se produisant lorsqu’on pratique l’ensilage agricole. Le tassement et l’action des ferments lactiques bloquent la décomposition et la méthanisation des matières, ainsi que le dégagement d’odeurs désagréables.

Composteur bokashi dans notre cuisine

Quel est le matériel nécessaire ?

Le plus simple est d’utiliser les composteurs à bokashi vendus dans le commerce. Ils sont étanches et permettent l’évacuation des jus de compost.

Il s’agit de seaux d’une quinzaine de litres fermés par un couvercle souple. Ils sont en général fournis avec une série d’accessoires :

  • Une petite palette utilisée pour compacter les déchets
  • Un sac de son de bokashi concentré en EM (micro organismes efficaces)
  • Un petit godet pour récupérer les jus

J’utilise également une boîte pour stocker les éléments à composter recueillis lors d’une journée. Cela évite d’avoir à ouvrir et fermer le récipient à chaque fois.

Comment faire son bokashi ?

Une fois par jour, je récupère la boîte qui contient les déchets de la veille.

Je la vide dans le seau à bokashi.

Je tasse les déchets avec la palette.

Je saupoudre d’une petite quantité de son de bokashi.

Et je referme.

Tassement des biodéchêts dans le composteur bokashi

Comme les déchets sont tassés, le seau met un peu de temps à se remplir. Suivant la quantité de légumes que nous épluchons, cela prend entre 2 semaines et un mois.

Lorsque le seau est plein, j’arrête de le remplir et le mets au repos pour 2 semaines. La fermentation va se poursuivre tranquillement sans air et le bokashi sera ensuite prêt à l’utilisation.

Pour pouvoir continuer à composter les déchets, il faudra donc prévoir deux composteurs qui seront utilisés alternativement :

  • Un composteur en cours de remplissage
  • Un composteur plein en cours de fermentation

Suivant la quantité de déchets frais qu’on y aura mis, le compostage pourra produire des jus plus ou moins abondants. Je mets en général pas mal de coques de noix ou de cacahuètes et j’obtiens donc très peu de jus.

Que peut on mettre dans le bokashi ?

La plupart des biodéchets peuvent être compostés avec cette méthode. J’y ai même mis du gras de viande, des croutes de fromage ou des agrumes sans problème.

J’évite quand même d’y mettre :

  • Les résidus trop liquides, notamment les graisses
  • Les litières d’animaux familiers
  • Les os ou autre matières difficilement décomposables

Les déchets doivent idéalement être découpés en petits morceaux pour faciliter l’action des EM.

Comment utiliser le bokashi ?

Le jus de compost bokashi peut être utilisé – très dilué – pour l’arrosage des plantes d’intérieur, de balcon ou dans le potager. Je mets en général un godet par arrosoir de 10 litres.

Le compost de bokashi peut être utilisé de plusieurs façons :

  • Enfoui dans le potager ou dans des bacs de culture, sous quelques centimètres de terre ou de terreau
  • Mélangé au mulch sur les buttes de culture, sous le paillage et en contact avec le sol
  • Mélangé au compost classique : il servira alors d’activateur.

Voici un exemple qui montre une utilisation avec un potager sur balcon.

Utilisation en appartement avec un balcon potager

Quels sont les avantages du bokashi ?

Le principal avantage est la rapidité. Même s’il ne parait pas très décomposé, vous pourrez obtenir un produit utilisable en un mois seulement. En comparaison, un compost classique ou un lombricompost mettront au moins 3 ou 4 mois (et souvent beaucoup plus) à être prêts. Ils auront toutefois un aspect nettement plus proche de l’idée qu’on se fait du compost.

Le compostage à chaud avec la méthode Berkeley est plus rapide : on obtient un produit bien décomposé en moins de 20 jours, mais il nécessite un gros volume de matière (1m3 au moins) et beaucoup de travail : il faut le retourner tous les deux jours !

Le second avantage du bokashi est donc qu’il ne nécessite pas de travail particulier.

Le seau peut tenir sans problème dans la plupart des cuisines. Je déconseille d’ailleurs de le stocker en extérieur : la chaleur peut générer une décomposition trop rapide et le gel peut endommager le robinet du seau. Un seau à bokashi qui fuit sur le balcon n’est pas très agréable (c’est du vécu)

Le compostage dégage une odeur un peu aigre, pas trop forte et qui n’est plus perceptible une fois le seau fermé. Il sent nettement moins fort qu’une poubelle de déchets ménagers où tout est mélangé !

Par ailleurs, le bokashi est une des seules méthodes de compostage qui permette de gérer des déchets animaux.

Conclusion

Le bokashi est une solution intéressante pour la gestion des biodéchets dans des environnements urbains, périurbains, voire ruraux. Il permet d’éviter le transport puis l’enfouissement ou l’incinération de la partie organique des déchets ménagers.

La seule contrainte est qu’il faut disposer d’un débouché pour les jus et surtout le compost. Ce dernier peut très bien être utilisé pour du jardinage urbain dans les bacs d’un potager sur un balcon. Il apportera alors une fertilité appréciable aux terreaux utilisés habituellement.